Des cris en gros plans de suppliciées fort peu vêtues, des génies du mal aux actes sadiques, des atmosphères oppressantes et glamour… Au milieu des années 1950, la Hammer, petite compagnie de cinéma britannique, connaît un succès considérable avec des productions provocantes qui choquent la censure, dégoûtent les critiques mais fascinent le public. Dans ses films classés X, l’horreur est filmée pour la première fois en couleur, quand les histoires associent effroi, sang et sexe. Les limites du bon goût sont allégrement transgressées, lorsque, par exemple, la dégradation physique est montrée au grand jour ("Le Monstre", en 1955, mélangeant SF et horrifique afin de relancer les finances d'une Hammer alors moribonde). Hiératiques et classieux, Peter Cushing et Christopher Lee incarnent à eux deux l'identité de la compagnie, parfaits serviteurs d'un genre qui n'hésite pas à piocher dans les mythes de la littérature gothique pour accoucher d'une série de "Frankenstein, "de "Momie "ou de "Dracula" mémorables.
Culture choc
À travers de nombreux extraits de films et de passionnants entretiens avec John Carpenter, Dario Argento, Caroline Munro et Joann Sfar, Jérôme Korkikian retrace l'histoire d'un cinéma bis "very shocking" qui connaîtra son âge d'or jusqu’au début des années 1970. Concurrencée par une nouvelle génération de thrillers d'épouvante, comme "Psychose" d'Alfred Hitchcock ou "L' exorciste" de William Friedkin, la Hammer n'en aura pas moins marqué la pop culture internationale, avant d'être réanimée en 2007 grâce à de nouveaux financiers.